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MONOGRAPHIE DE L’ANARCHISTE

ténèbres profondes, en des heures tragiquement nocturnes où le silence semble avoir fermé pour jamais toutes les bouches de l’espace. Le monde où il marche, à travers les lois, malgré les obstacles, le monde dont les philosophes, les historiens et les politiciens lui ont tour à tour révélé, enseigné et travesti l’histoire, ce monde où il peine et où il souffre lui apparaît comme une région démesurée et sans espoir.

Il a lu — mal lu si vous voulez — les sociologues et les économistes. Tous lui ont affirmé que l’organisation sociale était mauvaise. Tous ! Car, en réalité, c’est la condamnation de notre état social que personne ne se présente pour le défendre, pour l’accepter tel qu’il est, pour l’offrir en modèle aux architectes et aux éducateurs d’un monde nouveau. Tous, même les heureux, lui ont répété « qu’il y a vraiment quelque chose à faire ». Et tous ont avoué que ce « quelque chose » ils ne le trouvaient ni le devinaient.

L’anarchiste pense-t-il réellement aujourd’hui ? Peut-on assimiler à cette clarté éblouissante, suprahumaine qui est la pensée, les songeries, les spéculations de cette intelligence ignorante, sauvage au point qu’elle serait à peine une intelligence si elle ignorait jusqu’au rêve ? Question. Mais une heure est venue où il a cru penser.

Alors — il était un enfant encore — on lui a concédé que les choses n’allaient pas bien, mais en lui promettant qu’elles iraient mieux plus tard, — l’em-