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LES COULISSES DE L’ANARCHIE

leur crédulité. Nous y avons tous passé, tous ! M. Lozé qui, par profession, est tenu de se montrer plus défiant et plus fin que les reporters, s’est laissé estamper par de faux mouchards qui lui vendaient des complots en imitation et s’offraient en outre le plaisir de faire courir aux quatre coins de Paris les brigades de M. l’officier de paix Fédée. Vous fûtes estampés, ô grands confrères à un, deux ou trois sous ! Combien vous le fûtes !

L’effet était produit. L’estampeur organisa une vive agitation autour du dynamiteur et du « trimardeur » ; — au point que M. Emile Zola interrompit un moment son œuvre, leva la tête, écouta, et traça en quelques lignes son jugement sur l’anarchiste.

— C’est un poète ! écrivit-il.

Tant il est vrai que l’intuition, la réflexion pure, l’effort naturel, impartial d’un cerveau nourri et lucide, le jugement d’un observateur sensitif l’emportent souvent en justice et en justesse sur les conclusions de l’expérience.

De tous ceux qui ont considéré l’anarchiste et qui ont prétendu le juger d’un trait de plume, M. Émile Zola seul a vu clair et a bien jugé.

L’anarchiste est en effet un poète.

M. de Goncourt a écrit quelque part : « Les plus grands poètes sont inédits. Écrire une chose est peut-être le contraire de la rêver. »

À ce titre, oui, l’anarchiste est un poète. Sous son front hurlent de farouches Érynnies. Il rêve un poème énorme dont le premier chant s’ouvre sur des