temps, respirait à peine, semblait sous le coup d’une émotion violente. Quelques-uns même arrivaient à simuler le remords. Dès son arrivée, l’estampeur se laissait tomber dans un fauteuil et râlait :
— C’est inouï ! C’est épouvantable !
On l’interrogeait.
— Ils ont miné l’Opéra !
Comme l’estampeur était notoirement réputé anarchiste, sa révélation produisait un effet énorme.
On se précipitait sur les téléphones pour avertir Ritt
Q47460895 et Gailhard
Q1385932, pendant que l’estampeur, frémissant
encore, dictait tous les détails de l’attentat
à un reporter plus blanc que sa chemise. Une
galerie pratiquée dans les égouts, presque sous le
quatrième dessous du théâtre ; des provisions de
dynamite accumulées dans les caves en quantités
suffisantes pour faire sauter la moitié du quartier ;
toutes les charges reliées par des conducteurs électriques
aboutissant à un détonateur central ! Ce
serait la grande catastrophe du siècle. On ne compterait
pas les victimes !
Enfin, son récit achevé, l’estampeur se dirigeait vers la caisse et touchait quelques louis en souriant.
Le lendemain, la population parisienne tremblait dans sa peau au récit de cette catastrophe avortée grâce à la perspicacité de la police. C’est ainsi que la plupart des grands journaux d’information ont publié tant de récits bizarres, souvent même relevés par des illustrations. Tantôt l’anarchie menaçait un