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des militaires y figuraient, un nommé Asnon et un nommé Borie. Assez piètres militaires d’ailleurs, mais qui, par cela même, permettaient d’établir une moyenne. Ils avaient tenté un peu de propagande républicaine dans la caserne du Château-d’Eau et avaient déserté pour plaire à Gustave Flourens. En Belgique ils furent cordialement reçus place des Barricades et se gobergèrent aux frais de Charles et de François-Victor Hugo. Et ils appartenaient à une armée sévèrement tenue qui prétendait au culte de la discipline. Le remplacement, les rengagements, l’organisation aristocratique de cette armée au point de vue du recrutement des officiers, autorisaient peut-être la gauche à dire ce qu’elle en disait : qu’elle était une armée de prétoriens prête à tirer sur le peuple.

Que dire de l’armée telle que nous l’ont donnée la loi de recrutement de 1872, le service obligatoire et la durée de service ramenée de cinq à trois ans. Tout le pays passe sous les drapeaux et, dans la causerie des chambrées, dans le bavardage de la caserne, toutes les opinions qui divisent la nation s’y expriment. Comment l’anarchie n’aurait-elle pas envahi ce milieu naturellement ouvert à tous, même sans écrits, même sans manifestes imprimés, même sans propagande ? Comment le ministre de la Guerre répondrait-il que les doctrines anarchistes ne sont point entrées dans la caserne, apportées par un de ceux-là même que l’anarchie a prévus, après les avoir avertis et conquis, qui ont reculé devant les