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LES COULISSES DE L’ANARCHIE

d’Eau n’a encore connaissance de l’événement I Le soir même, en lisant la France, Lhérot se rappelait ce client singulier qui faisait profession de foi anarchiste et savait les nouvelles avant tout le monde. Depuis il ne l’oublia plus.

À la grande stupeur de ce garçon, Ravachol reparut quinze jours après. Cela, c’était de la folie pure ! Depuis une semaine, le nom du dynamiteur était connu ; tous les journaux publiaient son signalement parfaitement détaillé et rappelaient son passé de Roanne, de Montbrison et de Saint-Étienne. Peu importe. Ravachol revient parce qu’il a souvent pensé au garçon marchand de vin mûr pour l’initiation. Il revient pour achever de le convertir.

Et il est pris.

L’exaspération de Paris était telle à cette heure, — et la terreur inspirée par les anarchistes — qu’on ne saurait reprocher à personne les brutalités dont Ravachol fut l’objet dans la rue et au poste de la mairie du Xe arrondissement. Toujours est-il qu’en arrivant au Dépôt il n’avait plus figure humaine. La photographie prise le lendemain dans les ateliers du service anthropométrique nous a conservé cette face tuméfiée par les coups reçus, ce cou gonflé, froissé, entouré d’une chemise déchirée et sanglante. Notons seulement qu’après ce pugilat lamentable, au lendemain même de son arrestation, Ravachol ne se montre plus hanté que d’un souci : convertir à l’anarchie les gardiens de la prison et les agents de la sûreté commis à sa surveillance !