Page:Flor O’Squarr - Les Coulisses de l’anarchie.djvu/278

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

militaires, destinées à être lues par les conscrits et les soldats, ont été imprimées et placardées en France ; — soit, pour évaluer à la manière des statisticiens, quatre cents par an, plus d’une par jour.

Le troisième moyen employé consiste dans la distribution de feuilles volantes dont un homme peut porter cinq cents exemplaires dans ses poches sans attirer l’attention. Ce procédé a été employé surtout par la Ligue des antipatriotes, ligue dont je ne nommerai pas le fondateur, — un anarchiste qui appartient encore à l’armée !

Ces feuilles volantes mesurent exactement 32 centimètres de long sur 23 de large. L’intérieur seulement reçoit l’impression, la feuille se plie en deux ; le dessus et le dessous forment couverture. C’est du papier blanc.

Muni de ce papier d’apparence inoffensive, l’antipatriote se poste aux portes d’une usine ou d’un atelier, aux heures où les apprentis les franchissent, et il leur glisse ses manifestes ouvertement, sous l’œil de la police, comme s’il distribuait des prospectus. Si la scène se passe en province, le principal rôle est joué par un « trimardeur » qui, la veille au soir, est allé retirer au chemin de fer un petit colis postal renfermant trois kilogrammes d’outrages à la patrie. La plupart des publications de la Ligue sont imprimées à Paris, — maison F. Harry, 34, rue des Archives. Quelques manifestes ont été rédigés, imprimés dans les départements, à Dijon, à Toulon, à Aix, à Roubaix. Plus de cent mille ont