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L’ACTION ANTIMILITAIRE

rempli ce siècle, après les promenades militaires escortées de deuils, de ruines et de boucheries qui ont fait frissonner les trois couleurs à travers l’Europe, le long des grèves africaines et sur les deux océans, de la Chine au Mexique, puisqu’après la promesse cent fois donnée par la civilisation de laisser se reposer l’humanité, nous nous trouvons, en cette fin de siècle devant la plus formidable paix armée qu’ait soutenu le labeur des peuples !

Les théoriciens non anarchistes accordent volontiers que les nationalités, les races plutôt, doivent pourvoir à leur défense, et ils préconisent le remplacement des armées permanentes par la levée en masse de légions improvisées.

Les armées irrégulières, disent-ils, ont toujours battu les armées régulières.

Toujours ? Non. Mais le fait s’est représenté assez souvent pour qu’il ait frappé les esprits trop prompts à conclure au nom de l’histoire. En réalité, pour ne point remonter au delà d’un siècle, l’armée de Brunswick, admirable de discipline et d’organisation, formée d’après les enseignements du grand Frédéric, fut bel et bien battue par les bataillons plébéiens que Paris levait en huit jours sur ses places publiques et envoyait à la frontière sans éducation militaire et sans souliers.

Plus tard Napoléon, vainqueur de toutes les armées régulières, fut battu deux fois par des troupes irrégulières. En Espagne, Mina le chasse avec ses bandes ; à Moscou, Platoff le chasse avec ses hordes.