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MONOGRAPHIE DE L’ANARCHISTE

doit rien ou pas grand chose à l’éducation et à l’hérédité. La sélection des espèces, l’étude des origines ne nous révèlent dans Ravachol aucune ascendance vers les idées, vers les rêves des hommes de 1848, vers les conceptions mathématiques d’un Gracchus Babœuf ni vers les spéculations de l’Internationale. Il appartient à ce temps, et, malgré les observateurs qui lui recherchent des ancêtres parmi les exaspérés de la Jacquerie, parmi les faux-saulniers, les chauffeurs, il est bien l’enfant anonyme et naturel d’un siècle à tâtons, le germe semé par la tempête et fécondé par les pluies d’orage, la bouture née au flanc de la ruine morale — plus ruine de jour en jour — où s’accumulent les poussières du vieux monde, elles-même transformées, renouvelées sans cesse et fécondes éternellement.

Quelque chose est en gestation — un nouveau-né monstrueux — au fond de la matrice énorme où le temps engendre l’histoire. Ce crapaud terrible, sans mère, est le bâtard des théoriciens, des rêveurs, des idéologues. Il a été mis au jour, comme les autres fils des hommes, dans la douleur, mais dans une douleur plus profondément douloureuse, dans les angoisses de la misère sociale, dans les affres d’un esclavage antique et d’une prostitution sans terme.

Passants, contemplez cet inquiétant avorton : vous êtes tous un peu responsables de la vie dont il exploite contre vous les énergies nées de vos reins. Vous cherchez le total du siècle ? Le voici : c’est Duval, c’est Pini, c’est Ravachol, ce sont Simon,