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as tant mangé du saint-honoré que tu as failli claquer !… Ah ! la gourmandise a toujours été ton péché mignon et tu ne t’en es jamais corrigé…

Comme c’est amusant, ces choses-là…

Ah ! il fallait qu’Olinde Gratefiot en eût une, de patience !…

Eh bien, il lui eût encore pardonné ces radotages pernicieux, si, de surcroît, elle n’eut émis la prétention de le régenter comme s’il était encore un petit garçon.

— C’est ça, les cravates que tu t’es achetées ? Et tu te figures que je te laisserai porter ça !… Ah ! mais non, par exemple… Qu’est-ce que l’on dirait de moi dans le quartier !

Ou bien :

— Non, mon garçon, tu ne mangeras pas de haricots rouges au lard fumé et encore moins de cassoulet et pas davantage de pilaf de homard !… Du bon pot-au-feu, de bonnes escalopes, tant que tu en voudras, mais pas de tes sales cuisines de boucaniers…

Ou encore :

— Il y a ton fameux ami Figue qui est venu… Je l’ai fichu à la porte comme de bien entendu… C’est comme ta petite Mme Mercadet… D’ailleurs, c’est bien simple… Tu choisiras entre elle et moi…

Que vouliez-vous que dise ce pauvre Olinde Gratefiot ? Il était bien obligé de se brouiller avec son ami Figue, de rompre avec la jolie petite Mme Mercadet, de se repaître d’escalopes qu’il ne pouvait souffrir et de se pavoiser de cravates vertes, achetées par Opportune elle-même chez la petite mercière du coin… On ne se sépare pas d’un vieux serviteur qui est depuis plus de cinquante-trois ans dans votre famille ; ce serait braver l’opinion publique et, si on essayait de l’assassiner, peut-être y aurait-il des juges qui ne comprendraient point vos justes raisons…

On subit Opportune ; on sait trop que rien, jamais, ne pourra vous en débarrasser ; que, de même qu’elle vous a vu naître, elle voudra absolument vous voir mourir, comme elle a vu mourir tous les vôtres, et l’on se réjouit tout simplement de n’avoir ni fils ni neveux, car du moins, l’on sera le dernier de la famille qu’elle aura tyrannisé.

Et alors, sous prétexte que, depuis plus de cinquante-trois ans, elle empoisonne l’existence de deux ou trois générations de braves gens qui, sans elle, eussent été les plus heureux du monde, l’Académie lui décerne un prix de vertu !…

Et, comme l’a si bien dit cet infortuné Olinde Gratefiot :

— Un prix de vertu à Opportune ? Je veux bien… Mais, que l’on me flanque la Légion d’Honneur, alors !

Rodolphe BRINGER.

INSTRUISONS

NOUS

SOMMES-NOUS UNE RACE MAUDITE ?… Par Émile PIGNOT

Chez Eugène Figuière, 7, rue Corneille, Paris, (I fr.).

Notre secrétaire général de l’Université Floréal a condensé, dans ce petit opuscule, les qualités qui le caractérisent. Il y développe toute la magnificence de sa poésie hugotique et toute l’envolée de sa belle éloquence.

Je serais très étonné si ce petit opuscule tout imprégné d’une foi ardente dans le peuple, ne trouvait pas auprès de lui la grande vogue.

Avec une logique et une profondeur de vue incontestables, E. Pignot voit dans les Peuples les seuls pilotes capables de tenir le gouvernail du navire qui porte l’humanité en détresse et de le conduire, à travers les écueils, vers ses hautes destinées.

C’est par un chant d’optimisme que se termine ce livre, d’une sombre et vigoureuse réalité et dont la diffusion répond aux besoins de l’heure actuelle.

Les Peuples ! Le voici enfin le jaillissement de la Lumière. Force jusqu’alors ignorée, mais qui de plus en plus prendra conscience d’elle-même.

Puissance jusqu’alors sous le joug — sous tous les jougs — mais qui de plus en plus se redressera.

Au plus fort de la mêlée, quand les cris de haine — râles suprêmes de la Hideuse — grondent comme les tumultes des flots déchaînés, Peuples de tous les pays, écoutez.

Écoutez les voix nouvelles qui montent, en un formidable écho, de tous les soupirs des mourants ; de tous les sanglots des femmes et des mères ; de tous les balbutiements — déjà angoissés ! — des tout petits ; écoutez les voix nouvelles, plus retentissantes que les canons ; les voix de ceux qui savent que vous êtes, désormais, éclairés par la Pensée des Sages, les seuls pilotes possibles du navire de l’Humanité.

On ne saurait être plus poétiquement éloquent pour exprimer des vérités essentielles.

M. C.

LE MOUVEMENT THÉÂTRAL


À partir du mois de janvier je tiendrai nos abonnés au courant du mouvement théâtral. Je leur donnerai régulièrement, avec mes impressions personnelles, le compte rendu des pièces jouées dans le mois qui présenteront le plus d’intérêt, et je leur signalerai aussi, et le plus impartialement du monde, celles qui, à mon avis, n’en présenteraient aucun.

Floréal, de plus en plus, devient la Revue complète où se reflètent les manifestations de l’activité sociale dans tous ses domaines.

M. CASTAING.

Une erreur de mise en page nous a fait omettre dans notre avant-dernier numéro, no 44, une note que notre collaboratrice Alix Guillain avait ajoutée à son article sur Friedrich Engels. La voici :

« Il vient de paraître, chez Julius Springer, à Berlin, une biographie d’Engels jeune, ainsi qu’une collection de ses écrits, parmi lesquels se trouvent beaucoup de documents inédits.

« Ces deux livres, extrêmement intéressants, sont dus au sociologue bien connu, M. Gustave Mayer. Ils seront désormais indispensables à tous ceux qui étudient l’histoire du socialisme. »


Nous tenons à souligner que c’est grâce à l’obligeance de M. Berheim-jeune, que nous avons pu donner à nos abonnés la primeur des deux belles reproductions de Renoir, que l’on a pu admirer dans notre dernier numéro.

Nous remercions en même temps notre excellent confrère L’Amour de l’Art, qui a bien voulu, très aimablement, nous prêter les photographies des tableaux de Favory et de de Segonzac.