II
DIALOGUE
ENTRE L’AMOUR ET LA VÉRITÉ
Voici une dame que je prendrois pour la Vérité, si elle n'étoit si ajustée.
Si ce jeune enfant n'avoit l'air un peu trop hardi, je le croirais l’Amour.
Elle me regarde.
Il m’examine.
Je soupçonne à peu près ce que ce peut être ; mais soyons-en sûr. Madame, à ce que je vois, nous avons une curiosité mutuelle de savoir qui nous sommes ; ne faisons point de façon de nous le dire.
J'y consens, et je commence. Ne seriez-vous pas le petit libertin d'Amour, qui depuis si longtemps tient ici-bas la place de l'Amour tendre ? enfin n'êtes-vous pas l'Amour à la mode ?
Non, Madame, je ne suis ni libertin, ni par conséquent à la mode, et cependant je suis l’Amour.
Vous, l'Amour !
Oui, le voilà. Mais vous, madame, ne tiendriez-vous pas lieu de la Vérité parmi les hommes ? N'êtes-vous pas l'Erreur, ou la Flatterie ?