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LITTÉRATURE ORALE

III

L’APPRENTI SORCIER


Pierre Hâtain retournait un soir de Flottemanville à Gréville. Il ne pleuvait pas, mais il faisait très bas, il n’y avait point de lune. Quand il arrive au pied de la lande de Flottemanville, voilà qu’il entend un grand bruit sur la hauteur, comme si diverses bêtes se querellaient. Il y avait des renards, des putois et autres animaux semblables. On entendait comme des chevaux au galop. Quoiqu’il eût grand’peur, il s’approcha. Le bruit cessa tout à coup ; il ne vit plus, il n’entendit plus rien. Il redescendit et chassa (continua) son chemin. Il n’était pas très rassuré ; à la barrière de la lande, disait-on, on voyait souvent un taureau écorché vomissant des flammes. Puis il avait à passer par une cavée, et l’on prétendait qu’entre les hêtres qui formaient une haie bien au-dessus du chemin, des têtes de veau, la gueule enflammée, apparaissaient souvent en poussant d’horribles mugissements. Il passa la