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DE LA BASSE-NORMANDIE

d’eau et on les rangea autour du feu ; l’eau ne tarda pas à bouillir. L’enfant regardait tout ce manège. À la fin il s’écria :

« J’ai vu sept fois brûler la forêt d’Ardenne ; mais jamais je n’avais vu tant de petits pots bouillir. »

Il n’y avait plus à s’y tromper. L’enfant était vieux, très vieux, c’était un fêtet.

— Une drôle d’éprouvette !

— J’en conviens ; mais je n’invente pas, je répète ce qu’on m’a dit.

— Et la mère retrouva-t-elle son enfant ?

— Il paraît que oui ; mais je n’ai jamais entendu la fin de l’histoire. On prétend que cela portait bonheur d’élever un fêtet dans une maison. Enfin il n’y a plus de fées, c’est dommage.

— Pourquoi dommage ?

— Parce qu’elles ne faisaient de mal qu’à ceux qui le voulaient bien et qu’elles rendaient souvent des services. Une pauvre femme se désolait un jour de voir son fils mourant. Tout à coup la pierre du foyer se soulève, une main met une petite bouteille sur l’âtre.

— Faites-lui boire cela, dit une voix.

— La femme obéit ?