Page:Fleury - Littérature orale de la Basse-Normandie.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
LITTÉRATURE ORALE

pour les faire sécher et on les jette sur l’aire. Les fléaux frappent en cadence. Les parfums de la plante à demi-sèche, l’air vivifiant de l’automne, la gaîté naturelle à la jeunesse, produisent leur effet ; on crie, on chante, on se provoque, les enfants se roulent sur la paille rejetée et jouent à cache-cache dans l’intérieur, jusqu’au moment où on la leur enlève pour y mettre le feu. Comme cette paille rougeâtre est encore humide, la fumée est assez épaisse, mais elle se dissipe dans l’air. On s’en amuse, du reste, et l’on danse alentour.

Quand on est fatigué du travail, on s’assied sur la paille parfumée. On vous apporte alors une galette de froment bien blanche qu’on vient de retirer du four et qui fume encore. On y fait entrer du beurre frais, qui fond à mesure ; on fait circuler les gobelets pleins de cidre appétissant, et les gais propos, les histoires de circuler aussi.

Un jour que je me trouvais à une fête de ce genre, je m’amusai à noter les conversations.

— Comme elle est blanche, votre galette, Marie-Jeanne ! On dirait de la galette de fée.

— C’est moi qui l’ai faite et je vous assure que les fées n’y sont pour rien.

— Est-ce que vous en avez mangé, vous, de la