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DE LA BASSE-NORMANDIE

moiselle avait sauté en croupe derrière lui, le cheval prit le galop. Mon bisaïeul se retourna vers la dame, il la remercia de vouloir bien lui tenir compagnie et pour commencer la connaissance, il voulut l’embrasser ; mais elle lui montra des dents d’une longueur démesurée[1] et s’évanouit. Il s’aperçut alors qu’elle l’avait conduit dans l’étang.

Quand elle eut disparu, le cheval, qu’une force supérieure n’incitait plus, rebroussa chemin avec quelque peine, regagna la lande et emporta son maître à la maison, aussi vite que s’il avait eu le feu à ses trousses.

Voir sur la male herbe le travail de M. Baudry sur les Mythes du feu et le breuvage céleste chez les nations indo-européennes, dans la Revue Germanique, 1861. Quant à la demoiselle de Tonneville, c’est au fond la Naïade qui enlève Hylas, les Sirènes qui tendent des pièges à Ulysse, le Roi des Aulnes, de Goethe ; la Dame blanche, de Walter Scott ; les Roussalki, de Pouchkine, de Tourguénief, de Gogol, et autres conteurs russes.

  1. En patois : O te li décaouchit un chiffre !…