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LITTÉRATURE ORALE

tarda pas à se réaliser, à en croire la tradition. Dès qu’il fait nuit, si l’on passe sur les landes de Tonneville ou de Flottemanville, on s’expose à rencontrer la Demoiselle vêtue de blanc. Quelquefois on croit l’apercevoir de loin, puis, si l’on regarde mieux, on ne distingue plus rien. Le plus souvent elle s’amuse à égarer les voyageurs, à leur faire perdre le sentier connu, à les attirer sur ses pas et à troubler tellement leur esprit, qu’au lieu d’arriver à leur destination, il se trouvent, sans savoir comment, près de l’étang de Percy, où d’un coup brusque, la Dame les précipite. On l’entend ricaner alors du succès de sa ruse.

Une nuit mon arrière-grand-père maternel traversait la lande à cheval. Il revenait de Cherbourg et il avait quelque peu festoyé avec ses amis, je suis porté à le croire ; une voix se fait entendre sur la lande, une voix féminine très douce :

— Où coucherai-je cette nuit ?

Il regarde, il aperçoit une belle dame en blanc qui répète sa question : Où coucherai-je cette nuit ?

— Avec moi, belle dame, je vous en prie.

Il n’avait pas achevé ces mots que son cheval fit un brusque écart et se mit à renifler : la de-