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DE LA BASSE-NORMANDIE

Elle répéta ce propos à plusieurs reprises. Elle ne se maria pas et vécut brouillée avec tout le monde. Quand elle tomba malade, le curé vint pour la préparer à la mort, elle lui répondit qu’elle était toute préparée et n’avait pas besoin de son intervention. Il l’exhorta à se réconcilier avec ses ennemis et à rétracter ce qu’elle avait dit au sujet de la lande ; elle refusa énergiquement et répéta que si elle avait un pied dans le ciel et l’autre dans l’enfer, elle retirerait le premier pour avoir la lande, et mourut dans l’impénitence finale.

On s’attendait à un prodige au moment de sa mort. Il n’arriva rien de particulier, mais lors de l’enterrement, quand on voulut sortir le cercueil, le corps devint si lourd qu’il fut impossible d’aller plus loin. On essaya de le mettre sur un chariot, impossible aux plus forts hommes de le soulever. On y attela jusqu’à six chevaux, le cercueil ne bougea pas. On prit le parti de creuser le sol à l’endroit même ; la fosse une fois faite, on y descendit le corps sans difficulté, on remit la terre et les pierres par dessus. Ces pierres forment maintenant le seuil de la cour.

Le souhait de Mademoiselle de Tonneville ne