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LITTÉRATURE ORALE

qu’il pourrait entourer d’un sillon de charrue avant le déjeuner. Grand fut l’étonnement quand, au lieu de charrue, on le vit se servir de son bâton qui, promené sur le sol, creusait un sillon aussi profond que si la charrue y avait passé. Le don se trouva beaucoup plus considérable qu’on ne s’y était attendu, mais on ne contesta pas, et l’église fut bâtie au pied de la falaise. Cette église n’existe plus, parce que la mer, après avoir rongé peu à peu le terrain environnant, finissait par la menacer. On l’a démolie au XVIIe siècle et reportée sur la hauteur à une demi-lieue de là. On montre encore l’endroit où elle s’élevait. Le cimetière qui l’entourait est devenu un pré.

L’émir Baligant, Baligan, figure, comme on sait, parmi les personnages de la Chanson de Roland. J’ignore s’il y a un lien entre ce personnage et le monstre qui désolait la côte de Flamanville. L’histoire mythologique est pleine de monstres auxquels on sacrifiait des enfants et des jeunes filles et qu’un héros comme Persée ou saint Georges, un membre du clergé, comme saint Romain à Rouen, ont tués ou rendus inoffensifs. On peut comparer, pour les légendes du serpent en général, le chapitre de la Mythologie zoologique de M. de Gubernatis sur le serpent et le monstre aquatique, et pour ce qui regarde la Normandie, la Normandie romanesque et merveilleuse de mademoiselle Bosquet, etc., etc.