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LITTÉRATURE ORALE

on voyait un homme se tenir debout, une crosse d’évêque à la main, une mitre sur la tête, et une grande chape sur le dos ; il ne marchait pas, il semblait glisser : à mesure qu’il approchait on s’aperçut qu’il était porté sur une rouelle de charrue. C’était saint Germain-la-Rouelle. La mer était haute, le saint aborda en face du Trou Baligan, et marcha droit au serpent. Celui-ci recula et fit un mouvement pour rentrer dans son antre où sa queue était restée comme celle de certains mollusques lorsqu’ils sortent à demi de leurs coquilles. Le saint lui barra le passage, et lui porta un coup de sa crosse ; l’animal se tordit à ce contact, fit quelques mouvements convulsifs, puis resta immobile et s’incrusta dans un bloc de granit, où on a pu le voir jusqu’au commencement du XIXe siècle.

Après cet exploit saint Germain-la-Rouelle bénit la foule qui s’était rassemblée sur la falaise et se confondait en actions de grâce, puis il s’éloigna sur sa rouelle comme il était venu, sans vouloir faire un plus long séjour dans le pays.

Mais les habitants ne l’ont pas oublié. Plusieurs paroisses portent son nom : un plus grand nombre sont placées sous son invocation. À Fla-