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LITTÉRATURE ORALE

bloc de granit, mais on arrive bientôt au fond. Le véritable Trou Baligan est perpendiculaire à la mer ; il est fort étroit, la fente est un peu inclinée, le sol est encombré de galets apportés par le flot. On prétend que, les premières difficultés vaincues, le passage devient plus facile. On rencontre une mare barrant le chemin ; au-delà, la caverne s’élargirait et arriverait jusque sous l’église de Flamanville, située sur la hauteur, à une demi-lieue de là. Mais il faut probablement voir là une imitation de la tradition relative au Trou de Sainte-Colombe, et une imitation maladroite, car si l’histoire de Colombe peut se rattacher à toute force à une vieille construction romane du XIe ou XIIe siècle, il n’y a aucun lien possible entre l’église de Flamanville, qui date du XVIIe siècle, et le fait merveilleux dont le Trou Baligan aurait été le théâtre.

Sur toutes les parois de la caverne qui sont au grand jour, on voit courir une végétation qui a la couleur et l’aspect du sang desséché. Cette entrée de la caverne n’est pas ce qu’elle a été autrefois du reste. On en a enlevé un énorme bloc de granit dans lequel une longue ligne onduleuse d’un beau pourpre figurait assez bien un serpent.