Page:Fleury - Littérature orale de la Basse-Normandie.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
DE LA BASSE-NORMANDIE

Elle reprit ses occupations habituelles, mais sa gaîté l’avait abandonnée, elle ne parlait plus, et ne répondait que par monosyllabes. La provision de pain du ménage étant épuisée, elle se chargea de la renouveler, et elle se rendit à la boulangerie qui dépendait de la maison. Quelques personnes la virent et lui parlèrent pendant qu’elle chauffait le four avec de la fougère et des ajoncs. Plus tard, en passant par là, on vit que le four était fermé. On pensa que Colombe s’était éloignée après avoir mis sa pâte au four et l’on n’y pensa plus. Lorsque l’heure fut venue de retirer le pain, comme on ne voyait pas Colombe, on se rendit à la boulangerie. On reconnut alors que le four n’avait pas été fermé avec de la terre glaise par dehors, suivant l’habitude, mais que cette terre glaise était en dedans. On détacha la pierre, et au lieu du pain qu’on espérait trouver dans le four, on en vit sortir une colombe blanche qui s’envola par la porte et disparut.

Colombe, pour expier sa faute, s’était imposé la pénitence d’entrer toute vivante dans un four chaud, et Dieu, pour montrer qu’il lui pardonnait, l’avait changée en l’oiseau dont elle portait le nom.