Page:Fleury - Littérature orale de la Basse-Normandie.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
DE LA BASSE-NORMANDIE

volonté. Un soir, la servante l’avoua plus tard, elle avait tenté de s’échapper par la porte ; tous deux l’en avaient empêchée, et, de désespoir, elle était allée s’enfermer dans la chambre qu’on lui avait donnée et avait poussé le verrou.

Colombe, décidée à s’échapper, et voyant qu’elle ne le pouvait faire par les fenêtres sans provoquer un scandale, qu’elle voulait éviter à tout prix, s’était mise à sonder les murs. Il y avait dans une des parois une sorte de porte dissimulée qui attira son attention ; elle frappa, cela sonnait creux. Il y avait dans un coin une petite hachette qui avait servi à fendre des éclats de bois pour allumer du feu dans la cheminée ; elle s’en saisit et travailla si bien qu’elle finit par ouvrir cette porte mystérieuse. Une bouffée d’air froid et humide lui prouva qu’il ne s’agissait pas d’une simple cachette, mais qu’il y avait là tout au moins une cave. Elle aperçut, en effet, un escalier dont les marches, chargées de poussière humide, n’avaient pas été foulées depuis longtemps : elle les descendit, une chandelle à la main. En bas de l’escalier, il y avait bien une cave en effet, une cave dont on ne se servait plus, mais, derrière une porte à demi-ruinée, on entendait comme des mugissements lointains.