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DE LA BASSE-NORAUNDIE 75

fougère et d'ajoncs brûlait en pétillant et en répandant une fumée qui ne s'envolait pas toute par son conduit naturel. Sur le feu un vaste chau- dron chauffait, plein de pommes de terre que l'on faisait cuire pour les «vêtus de soie. » — C'est ainsi qu'on appelle les cochons, quand on veut parler avec respect. — A l'un des angles de la cheminée le maître de la maison fabriquait un bingot, sorte de corbeille composée de boudins de paille, liés de tiges de ronces fendues et flexibles. A l'autre angle, son vieux père, que son âge dispensait du travail, un bonnet de laine rouge et bleue sur la tête, regardait, et se taisait le plus souvent, mais sortait quelquefois de son silence pour lancer un mot piquant qui faisait éclater le rire sans qu'il perdît lui-même son sérieux. A côté de lui, le plus jeune fils raccommodait son fouet. La dame du logis, debout, allait et venait, donnant des ordres en disposant dans des terrines le lait rap- porté de la traite du soir, enlevant la crème qui s'était formée sur le lait déjà reposé, que l'on accumulait dans une chiraitie en attendant qu'il y en eût suffisamment pour faire du beurre, tandis que le lait écrémé était versé dans un chaudron pour la nourriture des veaux. Les veilleurs et