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DE LA BASSE-NORMANDIE

pêches superbes, des figues délicieuses ; il donnait à Colombe de gros bouquets de roses à cent feuilles dont elle embaumait sa chambre. On parlait bien un peu dans le pays de ces visites fréquentes, mais Colombe était si modeste, si pieuse, si bonne pour tous, les amoureux exceptés, qu'on n'osait pas l'accuser tout haut. On ne l'ac- cusait même pas tout bas.

Mais voilà qu'un jour Colombe disparaît. Vous jugez si elle pouvait disparaître sans qu'on s'en aperçût 1 On se rappela toutefois qu'on l'avait vue entrer au presbytère ; personne ne l'en avait vue sortir. Un petit garçon assura même qu'il avait aperçu Colombe assise auprès du curé sur un banc du jardin. Le curé parlait avec beaucoup de viva- cité, Colombe l'écoutait en silence, et les yeux baissés. Les murs du jardin étaient très hauts et couverts d'espaliers, de sorte qu'il était impossible de voir ce qui se passait derrière les murs. Mais il y avait dans le voisinage un grand peuplier ; et au haut du peuplier, un nid de pies. C'est en allant dénicher ce nid que le petit garçon prétendait avoir vu le curé et Colombe.

Il se passa ainsi près d'une semaine. A la fin, quelques jeunes gens se décidèrent à aller trouver