DE LA BASSE-NORMANDIE 269
J'ai fait une maîtresse il n'y a pas longtemps. Le jour qu'on nous marie, ordre du commandant Pour aller à l'armée joindre le régiment.
Quand la bell' l'entendit, ell' se prit à pleurer :
— Ne pleurez pas, la belle, ah ! ne pleurez pas tant! Cette belle campagne ne durera qu'un an.
Cette belle campagne, elle a duré sept ans.
Au bout de la septième il revient au pays
Le jour mêm' que sa femme prend un nouveau mari.
Il s'en vient à la porte demander à coucher :
— Mon brave militaire, nous n'pouvons vous loger, Nous sommes dans les noces, nous sommes em-
[barrassés.
Il aperçoit sa mère, que son cœur est content ! Lui jette sa valise, son or et son argent :
— Mon brave militaire, entrez ici dedans.
Quand il fut à la table, il demande à jouer :
— Qu'on m'apporte des cartes, des cartes et des dés A qui aura la belle ce soir à ses côtés.
Mais les gens de la noce se sont tous regardés :
— Mon brave capitaine, cela ne convient pas, La jeune mariée ne vous appartient pas.