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ïyô LITTÉRATURE ORALE

Le prétendu voleur qui s'était présenté à la fenêtre était un bonhomme fabriqué par Jacques et tenu au bout d'un bâton. Pendant que le sei- gneur courait après, Jacques montait tout douce- ment jusqu'à la chambre à coucher. Comme on n'avait pas allumé de chandelle, il lui était facile de se dissimuler, et, dès que la dame eut quitté le lit, il sauta sur les draps et disparut en les emportant.

— C'est supérieurement joué, lui dit le sei- gneur le lendemain; mais je finirai par mettre tes subtilités à bout. Voyons, j'ai demain du monde à dîner, une société de chasseurs; je te défie d'en- lever tout ce qui sera sur la table, pain, viande, vin et tout.

— J'essaierai, dit Jacques.

Le lendemain, la table est servie, les convives sont rangés alentour. Jacques ne s'est pas encore montré. Tout à coup on entend un grand bruit dans le parc. Les chiens aboient, les domestiques crient. C'est toute une compagnie de lièvres qui détale. Personne n'y tient plus, tout le monde veut voir. Jacques, qui a lâché les lièvres et les chiens, est aux aguets à l'entrée de la salle. Pen- dant que tout le monde se presse aux fenêtres, il