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DE LA BASSE-NORMANDIE I73

de trinquer avec eux. Il accepta en se versant du cidre qui n'était pas drogué, puis il fit semblant de s'éloigner. Les gardiens achevèrent de vider les deux pots et ne tardèrent pas à s'endormir profondément.

Jacques revient alors. La terre était molle. Il enfonce des piquets en terre en s'arrangeant de manière à leur faire soulever et soutenir la selle avec le cavalier; il coupe alors la bride du cheval, dégage la queue et fait filer la bête, qu'il met en sûreté. '

Quand les gardiens se réveillèrent, ils furent bien étonnés, l'un de tenir la bride sans cheval, l'autre une poignée de crins, le troisième de se sentir perché en l'air sur la selle, tandis que la jument était partie.

Le lendemain, Jacques alla trouver le seigneur.

— J'ai la jument, lui dit-il.

— Le tour est bien joué; mais tu me piques au jeu. On cuit du pain demain; je parie que tu

^ ne le voleras pas dans le four.

— J'essaierai.

Le pain est enfourné, six hommes le gardent : deux à la porte de la boulangerie, deux à la gueule