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156 LITTÉRATURE ORALE

— Epouse-la si tu veux, mais c'est bien contre mon gré.

Le mariage fut célébré-, les époux furent heureux, très heureux, mais ce bonheur ne dura pas longtemps. Bientôt après le mari fut obligé de partir pour la guerre. Ce fut avec de vifs regrets qu'il se sépara de son épouse, et il recom- manda qu'on lui envoyât souvent de ses nou- velles.

Quelques mois après un serviteur vint lui apprendre que sa femme lui avait donné deux beaux garçons; mais il l'engagea à revenir au plus tôt, parce que sa famille était mécontente qu'il eût épousé une femme sans mains.

Revenir, il ne le pouvait pas; mais il écrivit à sa femme une lettre des plus aimables et une autre à sa mère, où il lui recommandait d'avoir bien soin de sa femme bien-aimée.

Mais, loin d'en avoir soin, on cherchait à s'en débarrasser. On écrivit au jeune marié que sa femme était accouchée de deux monstres. On s'empara des lettres qu'il avait écrites à sa femme et on en substitua d'autres dans lesquelles on lui faisait prononcer des accusations abominables contre elle et dire qu'il fallait qu'elle fût bien