Page:Fleury - Littérature orale de la Basse-Normandie, 1883.djvu/179

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE LA BASSE-NORMANDIE 155

une petite chambre et l'engagea à se coucher; puis il alla trouver sa mère.

— Eh bien ! tu as été à la chasse, lui dit-elle ; as-tu attrapé des oiseaux?

— Oui, j'en ai attrapé un, et un très beau. Faites mettre un couvert de plus; mon oiseau dînera à table.

Il fit ce qu'il avait dit; il amena la jeune fille à ses parents. Grand fut l'étonnement quand on la vit sans mains.

On lui demanda la cause de cette mutilation.

EUe répondit de manière à ne compromettre personne : elle ne se croyait pas encore assez loin pour que sa mère ne pût apprendre de ses nou- velles ; elle savait que dans ce cas ceux qui l'avaient épargnée seraient traités sans pitié, et elle supplia ceux qui l'interrogeaient de lui permettre de rester cachée.

Mais cela ne faisait pas l'affaire du jeune homme, qui s'était épris d'elle et désirait l'épou- ser. Sa mère combattit cette idée; elle ne voulait pas d'une belle-fille sans mains, d'une bru qui lui donnerait peut-être des petits-enfants sans mains comme elle ! Le fils insista, et il insista tellement que sa mère lui dit :