DE LA BASSE-NORiMANDIE 153
s'arrêtent et font connaître à la jeune fille l'ordre de sa mère.
— Est-ce que vous aurez la cruauté de me tuer? leur demanda- t-elle.
— Nous n'en avons pas le courage ; mais com- ment faire? Nous avons juré de rapporter à votre mère votre cœur et vos mains. Le cœur, ce ne serait rien; celui des bêtes ressemble à celui des hommes ; mais vos mains, nous ne pouvons trom- per votre mère là-dessus.
— Eh bien! coupez-moi les mains et laissez- moi la vie.
On tue un chien, on lui enlève le cœur; cela suffira. Quant aux mains, U faut bien se résoudre à les lui couper.
On se procure d'abord de cette herbe qui arrête le sang ; puis, l'opération faite, on bande les deux plaies avec la chemise de la jeune fille; on emporte les mains et on abandonne la malheu- reuse victime dans le bois, après lui avoir fait promettre de ne jamais revenir dans le pays de sa mère.
La voilà donc toute seule dans la forêt. Com- ment se nourrir sans mains pour ramasser les objets, pour les porter à sa bouche? Elle se nourrit