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138 LITTÉRATURE ORALE

au premier abord. Il accepte avec joie cette char- mante épouse. On fait une noce solennelle, une belle noce. Il n'y avait persorme qui ne se mît aux portes pour la voir passer.

La jeune femme aurait été la plus heureuse des femmes, n'eût été le visage de son mari ; il était empressé, attentif du reste, elle sentait qu'elle l'aimait beaucoup, mais elle l'eût aimé encore bien davantage sans sa figure de singe.

Quand U était couché la nuit auprès d'elle dans l'obscurité, il lui semblait qu'il n'avait plus cette affreuse figure. Une nuit, elle n'y tint plus, elle résolut de s'en assurer. EUe se lève tout dou- cement, nu -pieds, va chercher une bougie, et sûre que son mari dort, elle le regarde.

C'était le plus beau prince du monde. Elle n'aurait jamais osé rêver tant de beauté et de grâce dans un mari. Dans sa joie elle fait un mouvement ; une goutte brûlante de bougie tombe sur la figure du prince, il se réveille.

— Malheureuse ! lui dit-il, je n'avais plus que quinze jours de pénitence à faire et j'aurais tou- jours été tel que tu me vois. Ta curiosité nous fait bien du mal à tous deux. Maintenant il faut absolument que je parte.