Page:Fleury - Littérature orale de la Basse-Normandie, 1883.djvu/137

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE LA BASSE-NORMANDIE I 1 J

pays qu'il a attrapé le diable, à ce que l'on as- sure.

— Mais le diable est si fin !

— Il est méchant, mais il n'est pas fin, et il se laisse bien souvent affiner quand on sait s'y prendre.

Saint Martin et lui, — un petit diable, pas le grand, — étaient convenus de cultiver un terrain ensemble, à condition de partager les produits par moitié. — J'aurai ce qui sera sous terre, dit le diable. — Bien, dit saint Martin, et il sema du blé. Le diable fut attrapé. — Eh bien ! recom- mençons, dit-il. Cette fois, je prends ce qui sera sur la terre. — Bien, dit le saint, et il sema des navets. Le diable fut attrapé encore une fois.

— Un ord ver, un ord ver ! cria une petite fille, avec effroi. Il s'est caché sous l'herbe en frétillant.

Les petites filles se levèrent effrayées.

— N'ayez pas peur, leur dit Jeanne-Marie. Les orvets ne font pas de mal. Si c'était une vipère, ce serait autre chose.

— C'est peut-être une vipère, dit la petite fille, je n'ai pas bien vu.

— Les vipères ne vont jamais dans les fougères,

8