Page:Fleury - Littérature orale de la Basse-Normandie, 1883.djvu/111

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE LA BASSE-NORMANDIE 87

de lourd se jette sur son dos ; il se lève, ouvre la porte et voilà que, malgré lui, — il l'a assuré plus tard, — il se met à courir comme un fou à travers les mares, les cavées , les fondrières , les ronces et les buissons, marchant devant lui sans pouvoir s'arrêter, sans pouvoir se diriger et emporté par une force irrésistible. Arrivé à un carrefour à quatre chemins, il se sent cinglé de sept coups de fouet vigoureusement appliqués. Il en est de même à chaque carrefour, mais il ne voit personne. C'est une main invisible qui le frappe.

Il se croise avec plusieurs de ses connaissances; il les reconnaît, mais elles ne le reconnaissent pas ; il veut leur parler, les sons s'arrêtent dans sa gorge, il ne peut articuler un seul mot. Et puis ces rencontres sont rares. Les chemins par où on le fait courir sont si déserts, si impraticables, que presque personne n'y passe.

Ghauminot était valet chez les Vertbois. Un valet qui avait à lui parler alla le chercher à la gr?iige de très bonne heure; il fut étonné de ne pas le trouver, mais il fut bien plus étonné encore quand, au bout d'un moment, il le vit arriver, brisé, éreinté, les mains ensanglantées et crotté jusque par dessus la tête.