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sons les plus voisines sont à près d'un kilomètre de là. Quand le moulin marche, quand l'eau qui tombe d'en haut fait tourner les roues à grand bruit, on aurait beau crier, on ne serait pas entendu.

C'est ce qui arriva au milieu du xvni^ siècle à un M. de Rikmé, qui était venu s'y établir. Il fut assassiné à coups de hache, et la même hache servit à tuer le meunier dans son moulin. C'était au milieu du jour. Tout le monde était à travailler aux champs. Personne n'entendit, ou du moins si l'on entendit, si l'on vit les meurtriers, qui étaient en même temps des voleurs, personne n'en dit rien.

On eut recours, en désespoir de cause, à un moyen qu'on employait quelquefois avec succès pour décou\Tir les crimes cachés. Un dimanche, dans toutes les églises du pays, on lut en chaire un monitoire où les faits étaient relatés et où on sommait, au nom de Dieu, les auteurs, victimes ou témoins du crime, de déclarer ce qu'ils savaient, sous peine, s'ils ne le faisaient, d'encourir l'ex- communication majeure. Le monitoire était lu trois dimanches de suite, avec un appareil propre à frapper les fidèles de terreur. A la fin de la