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Quand, fatigué de la misère humaine,
Nous murmurons contre un destin fatal.
Si nous cédons à l’envie, à la haine,
D’où vient la voix qui nous dit : Tu fais mal ?
L’homme de bien, fort de sa conscience,
S’il a lutté, peut sourire au trépas.
Il est au ciel un Dieu qui récompense,
C’est mon espoir, ne le détruisez pas.

Je me souviens qu’au printemps de la vie,
Raison, amour, avaient fixé mon choix ;
Tout souriait à mon âme ravie,
J’aimais alors comme on aime une fois.
Affreux revers ! la mort aux doigts de glace
Frappa celui qui devinait mes pas ;
Mais sur son sein je reprendrai ma place,
C’est mon espoir, ne le détruisez pas.

Loin d’annoncer la céleste vengeance,
Oh ! par pitié, ministres des autels,
N’effrayez pas ma faible intelligence
Par le tableau des tourments éternels.
Sans calculer si, pendant le voyage,
Le naufragé se servait du compas,
Malgré ses torts, Dieu l’accueille au rivage,
C’est mon espoir, ne le détruisez pas.