Page:Fleury - Album de poésies et chansons, 1858.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée


Tous deux chantaient quand Marceline
Leur dit d’un accent triste et doux :
En longeant la forêt voisine,
Enfants, prenez bien garde aux loups.

II

Comme vous riant et vermeil,
Un jour aussi mon petit Pierre,
En chantant, quitta la chaumière
Témoin de son dernier réveil.
Hélas ! ce front pur et candide
Dont un ange eût été jaloux,
Je l’ai revu froid et livide.
Enfants, prenez bien garde aux loups.

III

Seul trésor de mon avenir,
De son père il était l’image,
Et portait sur son frais visage
L’espérance et le souvenir.
A mes forces, douleur amère,
Dieu n’a pas mesuré ses coups,
Oh ! par pitié pour votre mère,
Enfants, prenez bien garde aux loups.

IV

A la place où pâle et sans voix
A succombé mon petit Pierre,
Trop pauvre pour mettre une pierre,
J’ai planté deux bâtons en croix.
Enfin, si la douleur m’attire
Où Dieu nous donne rendez-vous,
Cette croix sera là pour dire :
Enfants, prenez bien garde aux loups.