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mon sillon.

M. Després la regardait.

— Charles est un ambitieux, un rêveur, dit-il lentement, mais il n’est pas méchant. Or, comme il n’a pas le genre de volonté qui fait réussir, les premières déceptions l’abattront et dans tous les cas il se laissera aveugler, car, je suis bien obligé de l’avouer, tout point d’appui moral lui manque. Mais il peut se corriger, il peut avoir des regrets. Si dans quelque temps il revenait vers vous, lui pardonneriez-vous ?

— Je ne sais, dit Fanny faiblement.

Et relevant soudain la tête.

— Pourquoi manquerais-je de franchise envers vous, monsieur, continua-t-elle vivement. Ne le lui dites pas maintenant, car il s’étonnerait, il me mépriserait peut-être ; mais tant qu’il sera libre, j’attendrai.

— Tenez, il n’est pas digne de vous, dit impétueusement M. Després ; mais j’accepte en son nom cette espérance. Je vais lui porter votre réponse en ce qui concerne l’étude. Pour l’autre question, je me réserve de lui en parler quand il regrettera la folie qu’il fait. Je vous le dis sur l’honneur, j’éprouverai un immense regret si je ne puis jamais vous appeler ma fille.