Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.

79
mon sillon.

et enfilé deux ruelles montueuses. À la porte d’une des vieilles maisons qui bordaient la dernière, il s’arrêta, prit une clef dans la poche de son gilet et la glissa dans la serrure. La lourde porte s’ouvrit et il entra. Dans un grand salon nu et sombre, filait au rouet une vieille femme mise avec la plus grande simplicité. Cette maison et sa propriétaire présentaient à Damper l’arriéré, le rococo, l’antédiluvien ; la maison Després, en comparaison, était tout ce qu’il y avait de plus moderne. Cette vieille femme était pourtant la représentante d’une des honorables familles de Damper, dont la richesse s’était évanouie à la suite de nombreux malheurs.

Elle vivait dans une pauvreté voisine de la misère avec Mélite et René, qui étaient ses petits-neveux et pour l’éducation desquels elle avait sacrifié ce qui lui restait d’aisance. En voyant entrer René, son pied et sa main s’arrêtèrent et elle le regarda de son œil réfléchi.

— Qu’as-tu ? demanda-t-elle.

Elle pouvait le demander. La figure énergique du jeune homme avait une singulière expression, il était pâle, et pourtant la sueur mouillait ses tempes.