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auraient pu produire une impression qui eût été au désavantage du jeune Després. À ses traits d’une délicatesse un peu féminine, à l’expression indécise, inquiète de sa physionomie, on aurait pu préférer les traits irréguliers, mais nobles et bien caractérisés de René, l’expression énergique et réfléchie de sa physionomie. Mais ainsi, vus de cette distance et sous cet aspect, il n’y avait pas de comparaison possible. Les habits étriqués de René s’accommodaient mal avec l’ampleur de ses formes et nuisaient à l’aisance de sa tournure plutôt hardie qu’élégante.

Aussi les yeux de Fanny ne quittaient pas Charles qui semblait tout absorbé dans la conversation dont il tenait évidemment le dé, et elle n’avait pas un regard pour René qui marchait silencieux à ses côtés et dont les yeux se tournaient sans cesse vers la maison de son patron, comme pour en explorer la façade. Le cours de ses réflexions fut soudain interrompu par un léger coup frappé à la porte. Elle n’attendait personne et elle répondit machinalement : « Entrez. » Ce fut madame Després qui entra.