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mon sillon.

de plus, Fanny, Charles Després dînera avec nous. » Il y avait trois ans que cette rêverie alimentait son imagination. C’était long pour un rêve et on pouvait craindre qu’elle ne finît par placer son bonheur en ce monde dans le changement de ce rêve en réalité.

Maintenant que la prévoyance de M. Doublet avait brusquement tiré le voile tendu sur la situation et changé le vague espoir en une grave question d’actualité, la vue de celui auquel son tuteur avait en quelque sorte lié sa destinée lui faisait naturellement éprouver une certaine émotion et elle l’examinait avec un double intérêt. En ce moment ceux qui l’entouraient rendaient plus saillants ses avantages physiques, l’aisance de son maintien, l’élégance de sa taille, la distinction de sa démarche. Les frères et les neveux de M. Doublet, de bons campagnards de l’aspect le plus vulgaire, deux ou trois jeunes gens de Damper, parmi lesquels comptait René Bonnelin, le second clerc, lui formaient un cortège qui le faisait brillamment ressortir. Toutefois dans la différence qui paraissait exister entre René et lui, il y avait peut-être une illusion d’optique, et, regardés de près, les deux clercs