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mon sillon.

Elle avait donc été profondément touchée en l’entendant exposer le plan qu’il avait formé pour son avenir, plan qui répondait à un sentiment intime si bien enseveli encore au fond de son propre cœur qu’elle se l’était à peine avoué à elle-même. Comment s’y était-il introduit, elle l’ignorait, et pourtant rien n’était moins surprenant. Une seule personne avait mis le pied dans ce qu’on pouvait appeler relativement l’intimité du vieux notaire, c’était Charles Després. Il était le fils de celui envers lequel M. Doublet croyait avoir une injustice à réparer ; son esprit souple, insinuant, doué parfois d’une merveilleuse lucidité et qui trouvait son chemin dans les affaires les plus embrouillées, plaisait au vieux notaire et il voyait en lui son futur successeur, c’est-à-dire le maître à venir de cette étude, être abstrait, auquel il avait voué un véritable culte. Si Charles était cela pour le tuteur, il était de plus le seul être jeune, aimable et intelligent, qui approchât de la pupille. Sans être beau de la beauté de ses frères, il avait ce genre nerveux presque maladif qu’on est convenu d’appeler intéressant, il était soigné dans son extérieur, c’était l’élégant, le fashionable de