Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

43
mon sillon.

ment, de son dévouement pour sa famille et pour la fille de celui qui avait été son bienfaiteur, de sa probité et de son intégrité bien connues, il n’était vraiment pas question. Que de dévouements échappent ainsi à l’appréciation des hommes qui ne songent pas même à honorer de leur estime les vertus qui leur sont le plus utiles ! Heureusement que ce ne sont pas les hommes qui sont chargés de les récompenser.

La sauvagerie de M. Doublet, son ignorance des choses du monde, son éloignement systématique des affaires qui ne le regardaient pas, sa vie solitaire, avaient donc élevé autour de lui la barrière de l’indifférence publique, et cette indifférence avait fini par s’étendre jusqu’à sa fille adoptive. Quand, après les funérailles, Fanny repassa le front abattu et le sanglot aux lèvres le seuil de cette maison morne, devenue veuve de son maître, elle était seule. Personne ne s’était trouvé assez intimement lié avec elle pour oser la suivre.

Ce n’était pas que les femmes composant la société de Damper manquassent de bonté ; mais, chose rare, dans une petite ville, cette jeune fille qui était une des leurs, qui avait été élevée au