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mon sillon.

le pauvre plant aussi languissant que séditieux avait aussi bien fait de ne pas reverdir et d’être mort de sa belle mort. Il disparut de la place sans que personne autre qu’une vieille femme de la campagne y prit garde. Les jours de marché elle avait l’habitude d’y attacher son âne dont l’humeur était difficile et elle regretta beaucoup ce piquet qui lui permettait d’isoler l’animal quinteux.

Autour de cette place s’élevait, ce qu’on appelait à Damper, les édifices publics : l’hôtel-de-ville, une vieille maison moyen-âge, contre les fenêtres de laquelle les araignées tissaient fort tranquillement leurs toiles ; le collège communal, un grand bâtiment moderne de l’aspect le plus commun ; la halle et la justice de paix, l’une portant l’autre, et enfin l’église. Ce dernier édifice effaçait naturellement tous les autres. La vieille église avec ses fenêtres à menaux flamboyants, ses contre-forts ornés de flèches, son portail sculpté, sa tour élancée, était le seul et véritable monument de la ville de Damper. Elle faisait son ornement depuis des siècles, et le siècle nouveau n’avait rien bâti qui lui fût comparable.