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mon sillon.

rieuses et d’austères travaux l’avaient changé, mais sans beaucoup le vieillir. Si ses épais cheveux noirs s’étaient un peu éclaircis sur les tempes, cela ne servait qu’à faire ressortir davantage le développement intelligent de son front ; l’œil, plus enfoncé dans son orbite, était brillant et plein de feu, la physionomie calme et confiante.

Il sourit à Fanny en la saluant, et alla saluer Charles, qu’il n’avait pas encore vu.

Pendant qu’ils échangeaient debout quelques phrases embarrassées, Fanny, retirée un peu en arrière, les regardait curieusement, avec émotion.

Elle les revoyait dans le passé, Charles Després, l’élégant, le hardi, le séduisant jeune homme ; René Bonnelin le clerc pauvre et timide. Combien les rôles étaient changés ! Charles, avec ses cheveux gris, son visage ridé, son dos arqué, sa tenue négligée, paraissait de dix ans plus âgé que René, et dans ce qui rend la fraîcheur, la jeunesse et la force de l’âme, dans l’expression ! quelle différence !

La vive intelligence qui rayonnait autrefois sur le visage orgueilleux de Charles n’y jetait désormais qu’une pâle lueur ; ses yeux étaient