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mon sillon.

tail, il darda son regard vers l’endroit bien connu où se trouvait le banc occupé par sa famille, et ses yeux ardents se ternirent soudain. Elle était là au complet, lui seul manquait. Dans le fond du banc, à demi cachée par ses fils, madame Després priait agenouillée. Les autres étaient debout et c’était un spectacle qui avait bien son intérêt, en notre temps de division où la famille elle-même se dissout, que celui de ce père au milieu de ces quatre hommes qui étaient ses fils.

Il y avait dans ce hasard qui groupait ainsi toute sa famille sous son regard dans l’accomplissement d’un des actes contre lesquels il s’était le plus révolté intérieurement, une leçon d’un à-propos saisissant.

Le cœur agité par mille sentiments contraires, l’âme saisie par une émotion indéfinissable, mais puissante, il resta cloué à cette place sans pouvoir détacher ses regards du banc où priait sa mère.

On était à la communion, le banc se vida et dans la foule compacte Charles suivit sa mère d’un œil ému. Elle reçut la communion des mains de son fils Jean, qui officiait, et revint vers son banc les mains jointes et les yeux baissés. Quand