Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/300

Cette page a été validée par deux contributeurs.

294
mon sillon.

avait eue en cet endroit avec sa mère lui revint soudain à la mémoire. Hélas ! qu’étaient devenus ses rêves ? qu’avait-il trouvé de mieux que ce tranquille bonheur dont elle lui avait vanté la solidité ? Qui, d’elle ou de lui, avait eu raison ? Le bruit stérile avait-il valu le silence, l’agitation, le repos, l’existence hasardeuse, oisive, fiévreuse, la vie calme et pourtant active ?

Le soupir qu’il poussa en se remettant en marche fut l’éloquente réponse donnée à ces questions qu’il s’adressait mentalement. Dans la promenade qu’il continuait un peu au hasard, un mur vint bientôt lui barrer le chemin. C’était celui qui enfermait le jardin de mademoiselle Bonnelin. Il se rappela ce que venait de lui dire Suzanne, chercha la porte par laquelle Mélite s’échappait si souvent et entra dans la nouvelle propriété de son frère. Là il y avait des améliorations. Le terrain assez vaste avait changé d’aspect ; il y avait des pelouses dont l’herbe encore jeune se moirait sous le vent, les allées étaient larges et propres, quelques vieux cerisiers encore chargés de leurs fruits éclatants formaient çà et là des oasis d’ombre.

À quelques pas de la maison, Charles s’ar-