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mon sillon.

— Ah ! monsieur, pouvez-vous le demander ? c’est tout le portrait de son père. Mais que je suis sotte ! vous ne le connaissez peut-être pas, vous n’êtes peut-être jamais venu à Damper ?

L’étranger fixa ses yeux gris sur Suzanne.

— Est-ce que vous ne vous rappelez pas m’y avoir vu ? demanda-t-il d’une voix rauque.

— Ma foi non, monsieur, votre figure ne me revient pas du tout. Mais aussi ma vue baisse un peu, ce qui n’est pas surprenant. À la prochaine foire de Saint-Georges, j’aurai soixante-six ans. Je ne suis plus une jeunesse, comme vous voyez. Cette jolie petite fille-là n’est-elle pas la fille d’un homme que j’ai vu plus petit qu’elle n’est déjà !

— Ainsi, c’est la petite fille de M. Després ? dit l’étranger en enlevant l’enfant et en l’asseyant sur son genou.

— Oui, monsieur, c’est la fille à M. Olivier, qui a épousé mademoiselle Mélite Bonnelin, et si vous avez connu son père, vous devez trouver qu’elle lui ressemble trait pour trait.

La ressemblance en question existait surtout dans l’imagination de la vieille Suzanne. Cette