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mon sillon.

assuré, que la fortune est là sous ma main, avec tout ce qui en découle pour moi, pour les êtres qui me sont chers, pour les causes auxquelles appartiennent mon cœur et mon bras, et il faut que je foule tout cela sous les pieds, il faut que j’éteigne ces éclairs, que j’étouffe ces élans et qu’entre mes mains frémissantes je reprenne, ô dérision ! le Manuel du notariat.

Mais pourquoi t’initier à ces souffrances viriles, ma chère Mélite. Je sais que tu en auras l’intuition, mais n’est-ce pas t’attrister inutilement. Je joins à ta lettre une missive d’affaire pour mon oncle. Avant de quitter Paris je désire savoir si je trouverai de quoi m’occuper dans notre chez nous. Ici on fait n’importe quoi, en attendant, surtout quand on n’a plus d’espérances, plus d’aspirations, et qu’on a brisé en soi, cette corde dont les vibrations rendent tout autre son monotone.

Donc, j’attends sa réponse avant d’accepter de devenir pour un temps une machine à chiffres dans le premier comptoir venu. Ton affection dévouée me reste, ma chère Mélite, et je serais bien malheureux si ma pensée ne pouvait se poser sur ce coin de terre où respirent des êtres