Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/276

Cette page a été validée par deux contributeurs.

270
mon sillon.

conditions ? ce serait y végéter toujours. Depuis hier j’ai des tentations de plier bagage et de partir pour Damper-Coat. Avec un peu de bonne volonté je pourrai trouver une petite étude de notaire dans les environs et je ne vivrai pas séparé de tout ce qui m’est cher.

Je commence donc à porter la main sur mes pauvres espérances, j’espère arriver à leur arracher les ailes, à les étouffer, mais, ma sœur, dans ce travail de destruction, il me semble que c’est mon être lui-même que je dépèce, et je souffre d’intimes angoisses que rien ne peut te peindre.

C’est une agonie que de mutiler ainsi son intelligence, ses aptitudes. Je sens que ma force est dans l’industrie et non pas ailleurs. Au plus intéressant de la lecture, qu’en prévision de ma position à venir, je me condamne à faire dans un livre de droit, ma pensée fuit, s’échauffe, je vois se mouvoir les machines puissantes dont j’ai tant aimé à découvrir les secrets ressorts, dont j’ai essayé de modifier les mouvements. Dans ces moments, les combinaisons les plus difficiles semblent se simplifier, je résous les problèmes les plus ardus. Il me semble que le succès est