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mon sillon.

perse les nuages chargés de foudre, l’étoile fixe momentanément éclipsée par ces puissants agents de désordre. L’amour est venu sur les pas de la foi et alors plus de solitude, plus de vide. Dieu remplit le monde, je vois Dieu resplendir en chaque créature ; Dieu même, comment le dire sans trembler, peut habiter en moi. Le jour, j’agis en son admirable présence, la nuit, quand je me réveille, je l’adore dans le silence qui m’enveloppe, silence plein d’indicibles angoisses pour les âmes sombres, muettes, délaissées, douloureusement repliées sur elles-mêmes. À ce maître aimé, à ce Père invisible, à cet ami éternellement vivant, éternellement fidèle, j’offre la larme qui brûle ma paupière, le sanglot qui gonfle ma poitrine, la goutte de sang que distille mon cœur, et le sang et les larmes se transforment en un baume mystérieux, et le sanglot s’achève en un cri d’espérance.

Le matin, comme le conseille le saint père de Ravignan, au premier réveil de la raison, je jette vers Dieu mon esprit et mon cœur et je commence vaillamment ma journée invisiblement soutenue dans mes défaillances, invisiblement protégée et sentant que, chaque jour l’ennui de la