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mon sillon.

clamer la capture d’un chevreuil, l’abbé Jean annonçait à sa mère qu’il avait rempli son panier de truites, Henri exalta la docilité d’un jeune cheval qui venait de donner son premier coup de collier à la charrue.

Comme ils finissaient l’exposé de ces hauts faits, la porte vitrée s’ouvrit devant un nouveau venu. Celui-là était de taille moyenne, grêle et blond comme sa mère. Il n’avait ni la franchise de physionomie ni la hardiesse d’allure de ses frères. Ses yeux gris avaient le regard inquiet et perçant, et son jeune front était déjà plissé comme celui d’un vieillard. Il portait sur sa figure écrit en très-lisibles caractères ce nom d’ambitieux dont son père venait de le qualifier.

Son entrée ne fit pas cesser la conversation, et il n’y prit point une part active. Assis, les bras croisés, la tête légèrement renversée en arrière, il suivait d’un œil vague, dans la partie du ciel qu’il apercevait, les nuages légers qui y dessinaient les plus étranges figures.

— Ma mère, je meurs de faim, dit tout à coup Olivier, l’aîné.

— Eh bien, mon fils, il faut manger, répon-